Les dessous de la Micro-entreprise : les prix

J'avais envie de vous faire part de ce qui se passe de l'autre côté d'une micro entreprise. Lorsque je me suis lancée, j'ai eu plein de questions de mes proches qui étaient surpris que ça prenne autant de temps à tout mettre en place. On a en effet souvent vendu les micro entreprises comme une solution rapide et facile, où on peut démarrer quasi immédiatement. Alors oui, comparé à d'autres statuts, c'est simplifié, mais la réalité n'est pas si simple qu'il n'y parait.

Disclaimer : Je simplifie beaucoup les choses ici, donc ne prenez pas pour argent comptant mes propos ;) ils ne sont le reflet que de mon expérience de petite micro entrepreneuse. Il y a certainement bien des choses que j'ignore encore.

Aujourd'hui je vais juste aborder le sujet des prix, et vous allez déjà vous apercevoir qu'en France, tout ce qui peut paraitre simple, ne l'est pas forcément.

Où déclarer ma micro entreprise ?

Il faut d'abord savoir qu'en tant que micro entrepreneur on est soit déclaré à la CCI (chambre du commerce et de l'industrie), soit à la CMA (Chambre des Métiers de l'Artisanat). Il y a aussi les libéraux, et les artistes, mais je ne connais rien de ces côtés là et donc je n'en parlerais pas ici. Si je fais de l'achat de produits tout faits (artisanal ou pas), que je ne retouche pas, et que je revends tel quel, je vais dépendre de la CCI. En revanche, si je fabrique à partir d'une matière première un produit, je dépends de la CMA. 

Une fois cela réglé, vu que je dépends de la CMA, je ne peux pas pour autant me déclarer comme "artisan". Quoi ? wtf ? bin ouais, "artisan" est un titre particulier, qui nécessite des diplômes, une expérience spécifique reconnue. Donc je me déclare à la CMA, mais je ne suis toujours pas une artisane. Pourtant ce que je fais relève bien de l'artisanat. C'est compliqué ? Et bien ce n'est que le début, alors accrochez vous !

URSSAF et autres joyeusetés :

Une fois mes produits créés, je les vends, et dans le meilleur des cas, ils sont achetés au prix que je fixe. Et là, vous vous dites "oh génial, tu mets le prix que tu veux, et ce qui est payé c'est à toi". Et bin non ! Je déclare en effet à l'URSSAF mon chiffre d'affaire, donc ce que le client paye à la vente. Mais ce que le client paye est très très loin d'être dans ma poche / mon revenu.

Par exemple, dans ce que je dois déclarer à l'URSSAF comme chiffre d'affaire, il y a ...les frais de port ! Gné ? et bien oui, les frais de port étant payé par le client, ils sont à déclarer comme chiffres d'affaire, et donc comme faisant partie de mon "revenu" pour l'URSSAF. Si vous trouvez ça injuste, attendez la suite. Il y a encore bien des choses incluses dans le prix. 

Lors de ma déclaration à l'URSSAF (mensuelle pour ma part), j'ai le choix de déclarer soit en prestation de service, soit en vente de marchandises, ou prestations de services commerciales ou artisanales. La dernière catégorie ne me concerne pas, mais les deux premières, oui. Et là, c'est hyper compliqué dans le domaine de la couture, pour définir ce qui est de la prestation de service ou de la vente de marchandise. Pour ma part, je dissocie bien les deux dans ma compta et sur mes factures pour éviter les soucis, mais sur un même produit vendu, je peux avoir à la fois de la prestation de service et de la vente de marchandise. Exemple : on me demande une taie pour coussin de mon catalogue, avec un dessin sur commande, personnalisé, à définir avec le client. La fabrication du coussin est en vente de marchandise, le dessin créé à la demande du client est en prestation de service.

Qu'est-ce qui se cache derrière mes prix ?

Au niveau de l'URSSAF, pour vous expliquer ce qu'elle prend sur mon prix, lorsque je fais de la création d'un produit précis (transformation de matière première), je fais donc de la vente de marchandises. Je déclare dans cette case, et je vais donc ensuite payer 12.8% à l'Urssaf + 0.3% pour la formation donc 13.1% de mon prix au total. Vous voyez ainsi qu'une fois les frais de port payés, le coût de la matière première retiré, de l'usure du matériel, de l'électricité utilisé pour la fabrication, mais aussi de l'emballage éventuellement utilisé...il ne reste pas grand chose en revenu. Et lorsque c'est de la prestation de service c'est encore un autre taux qui est appliqué : 22 % (ouch !)

Il est donc normal pour des petits micro-entrepreneur d'avoir des prix bien plus haut que de grands industriels, des associations, ou des personnes non déclarées qui sont légions actuellement sur les réseaux et sur les marchés. On ne paye pas les mêmes taxes, et on ne déclare pas de la même manière. Pour ma part, j'ai décidé de garder un taux horaire équivalent à mon travail salarié, afin de garder des prix accessibles, car j'estime que l'artisanat et l'écologie doit pouvoir rester accessible à toutes les bourses, mais d'autres font souvent d'autres choix, ce qui explique les nombreuses différences de prix que vous pouvez constater. Un artisan a normalement un taux horaire de 20€ de l'heure afin justement de compenser tout ça, par exemple.

J'espère que cet article vous aura éclairé sur le vrai prix de l'artisanat, et ce qui se passe en coulisse des micro entrepreneurs. 

Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.